Aujourd'hui, j'ai fait un pas dans ma nouvelle vie.
Enfin je crois.
Il y a des objectifs que j'ai réussi à atteindre et j'ai des projets pour les années à venir. Des projets non seulement professionnels, mais aussi personnels grâce à Chaton et à mes amis qui me soutiennent et qui m'aiment, grâce à mes parents aussi.
C'est pourquoi j'ai envie de partager ça avec vous aujourd'hui.
Je suis dépressive.
ça a commencé très exactement il y a sept mois, bientôt huit maintenant. Quatre durant lesquels chaton a été là. Vous devez sûrement penser qu'à dix-huit, presque dix-neuf ans, des raisons de faire une dépression, c'est presque comme faire un caprice.
C'est ce que je pensais au début en me demandant ce que penseraient les gens si ils apprenaient. Mes parents ce sont rendus compte réellement de mon état il y a deux mois. Moment exact où avec chaton nous avons eu notre première "crise" de couple, faisant ressortir mes vieux démons, mes anciennes peurs et mes angoisses. J'ai commencé à de nouveau douter, chose qui avait disparue lorsque je l'ai rencontré. Même si il a réenclenché le processus, en réalité, chaton a fait plus que ça : il a réussi à me donner envie de guérir et de sortir de cet état. Chose que seule, je n'ai pas réussi à faire.
Du coup je suis allée voir mon médecin traitant et c'est sur sa table que j'ai pleuré pendant quarante bonnes minutes en lui expliquant ce qui m'arrivait. Mes parents ont été très malades dans l'année (lourd traitement pour l'un, cancer pour l'autre) et sachant cela, ça a pu l'aider à comprendre certaines choses. J'ai raconté aussi mon échec en fac de médecine, mes angoisses depuis toujours à l'école, ma peur de décevoir, de rater, d'être quittée par les gens que j'aimais, mon dégout de moi même, mon impression d'être énorme lorsque je me regardais, mon impression d'être laide malgré les "tu es belle" incessant de chaton, mon envie de mourir, mon envie de fuir, ma peur de vivre, du dehors, la pression que je n'arrivais pas à supporter. Tout. Ma peur du viol, des hommes. Ma peur d'être un poids, de gêner. Mon impression de toujours toujours rater même en faisant le plus d'effort possible. Mon détachement total du monde. Mon apathie.
Il m'a donné un traitement médicamenteux très léger et il y a un mois, lorsque je l'ai terminé, il m'a un peu augmenté les doses parce que ça n'était pas encore suffisant pour gérer mes angoisses. Le traitement que j'ai actuellement me soutient assez. J'arrive à chasser mes idées noires plus facilement, je dors mieux. Parallèlement à ça, évidemment, j'ai été orientée vers un centre de santé mentale où ils m'ont fait passer un entretien avec une infirmière (très gentille et que je vois toujours régulièrement) et une psychiatre qui m'a traitée comme un cas banal parmi tant d'autres (cf "le médecin qui n'aimait que les cas intéressant"). Mon infirmière s'occupe très bien de moi. En fait, quand j'y vais, j'ai vraiment l'impression d'être écoutée et d'être aidée. J'ai aussi été consulté une psychologue mais le traitement ne me correspond pas. C'est une thérapie analytique (en gros vous faire parler pour vous faire prendre conscience de ce qui ne vas pas chez vous) donc les conseils mettent très longtemps à venir, ça peut prendre des années et en plus le coût est assez onéreux (40 euros de l'heure). Je pense donc que je vais plutôt m'orienter vers la sophrologie tout en continuant à voir l'infirmière. J'irai à une dernière séance avec la psy et puis ensuite je lui expliquerai ma démarche.
Avec ma famille et mes proches, ça n'a pas été très simple à digérer. Il y a bien évidemment eu des conséquences négatives : ma mère qui ne comprenait pas, qui me reprochait presque d'être malade, de ne pas arriver à gérer mes angoisses, de ne pas faire assez d'efforts, mon éloignement d'avec ma sœur car j'ai de plus en plus de mal à la supporter et évidemment les disputes incessantes, les crises d'angoisse au téléphone avec chaton, les coupures (trois exactement sur la main gauche) et je vous passe les détails. Cependant, pleins de choses bien aussi sont revenues contre-balancer ces mauvaises choses : l'insertion (enfin) de mes grands parents dans nos problèmes, le rapprochement avec chaton (plus ça va et plus j'ai besoin de lui, plus on s'aime, plus on est proches), le rapprochement avec mon père avec qui j'avais toujours cru ne pas pouvoir parler et qui finalement s'est révélé être celui qui me comprenait le mieux, le rapprochement avec mon oncle, qui jusqu'à maintenant passait son temps à me vanner et qui a été le seul à réussir à me faire rire comme jamais.
Aujourd'hui, c'est encore difficile et je sais que ce n'est pas fini mais j'ai plus confiance en l'avenir. Avec chaton on va se marier. Pas tout de suite, peut-être même dans très longtemps mais il me l'a promis et à présent, il est une des rares personnes en qui j'ai absolument et totalement confiance. Je sais qu'il restera avec moi. C'est un pacte. Une promesse. J'ai envie d'avoir des enfants. Pour laisser cette partie de moi sur terre. Je me suis inscrite dans une école d'esthétique pour avoir un métier qui me plait et enfin faire ce que j'ai envie en alliant le maquillage/le nail art avec une passion : le dessin. Je sais que cette école va être difficile mais en sortant de là, je pourrais travailler tout de suite et faire quelque chose qui me plait. Et même si ça ne dure pas toute ma vie, au moins j'aurais mené la vie que je voulais et je n'aurais pas de regrets ensuite. Je vais affronter mes angoisses et avec l'infirmière, on va travailler sur ma confiance en soi. On va essayer de me redonner goût à quelque chose et goût surtout à moi même. A cette personne que, quand je la regarde dans le miroir, je ne reconnais pas.
Aujourd'hui, je vais guérir, j'en ai la certitude et aujourd'hui, j'ai confiance en l'avenir (du moins j'essaye). Je veux guérir. Je veux retrouver mon amour pour moi. Je veux retrouver ma substance et je veux exister de nouveau. Je veux m'en sortir. Je veux vivre.